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mardi, 22 mai 2007

Par l’expérience

f54561e83d3a1451dc91e20cb9070770.jpg"L’homme est un animal qui ne peut être endoctriné que par l’expérience. Cette loi fait que le monde existera toujours dans le désordre et dans l’ignorance car les doctes n’en forment tout au plus que la centième partie"

Casanova

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vendredi, 11 mai 2007

Portrait du joueur

Début du texte :

Eh bien, croyez-moi, je cours encore ... Un vrai cauchemar éveillé ... Avec, à mes trousses, la horde de la secte des bonnets rouges... Ou verts... Ou marron... Ou caca d’oie... Ou violets... Ou gris... Comme vous voudrez... Le Tibet de base... Singes, hyènes, lamas, perroquets, cobras... Muets à mimique, tordus, érectiles... Hypermagnétiques... Venimeux... Poulpeux... Un paquet de sorciers et sorcières ; un train d’ondes et de vibrations... Moi, pauvre limaille... J’ai cru que je n’en sortirais jamais, j’ai pensé mille fois devenir fou comme un rat dans les recoins du parcours... Ils ont tout, ils sont partout, ils contrôlent tout, ils avalent tout...
Mais qui ça, ils ?
Ah, voilà !
Tout simplement, eux. Ils. Ils et elles, bien sûr...

Fin du livre :

Je referme les yeux, et je me vois tout à coup pousser mon attelage, là-bas, jusqu’au bout, vers l’ouest, là où les avions descendent et clignotent, des chevaux de vent et de nerfs, souples, rapides, écumants, volontaires, leurs crinières brillent dans le couchant, personne ne les remarque, ils galopent au milieu des bateaux, chevaux et bateaux, le rêve, ils se faufilent et foncent vers l’horizon rouge, sur le mercure déjà nocturne de l’eau, je les tiens à peine maintenant, ils m’échappent, ils ont leur idée, leur cri d’attraction muet, ils se sont débarrassés de moi, ils filent, ils sont ivres, je sens leurs muscles jouer sans efforts, leurs encolures impatientes, vibrantes, ils se sont réfugiés ici avec moi, en moi, ils vont se fracasser sur la ligne invisible, mais peut-être pas, comment savoir, ils frôlent à peine le canal bouillonnant du soir, je les laisse, je lâche les rênes, ils veulent passer eux aussi, et peut-être vont-ils passer, malgré tout, museaux et naseaux comme directement vaporisés dans l’envers.

Philippe Sollers, Portrait du joueur, Folio

Lire ici

mardi, 01 mai 2007

Mai 68

On s'est quand même beaucoup amusés, non ? dit Jean-Luc. C'est ce qu'ils ne comprendront jamais... Ils n'y ont jamais rien compris... Tu te rappelles ? "On a raison de se révolter"

Philippe Sollers, Femmes, p 427

dimanche, 29 avril 2007

Bienvenue au club

"Ah l'heureux temps d'autrefois, où le président Mitterrand, me prenant à part dans un clin d'oeil, me disait qu'il était en train de lire Casanova : "Bienvenue au club", lui ai-je soufflé, à l'époque."

Philippe Sollers, Le Journal du mois, JDD du 29 avril 2007

mardi, 24 avril 2007

Sur la représentation du corps féminin

medium_730px-Paul_Cezanne_A_Modern_Olympia_c_1873-1874.jpgUn événement en peinture est toujours et à coup sûr un événement sur la représentation du corps féminin

Philippe Sollers

Cézanne, Une moderne Olympia, 1873-1874

dimanche, 22 avril 2007

" Je vois de loin, j’atteins de même. "

medium_grandville_le_loup_et_le_chien.jpgLe pouvoir des Fables est souverain. Si personne n’écoute plus personne, commencez-en une : les oreilles se tendront peu à peu. C’est pourquoi " on ne saurait trop égayer les narrations ", ce qui n’est pas donné à tout le monde. La ronde des péchés capitaux s’équilibre alors sous le charme d’une logique harmonique, le génie des sons s’empare du reste : " Tout est mystère dans l’Amour, / Ses flèches, son carquois, son flambeau, son enfance. " Ou encore : " Bien purs, présents du Ciel qui naissent sous les pas. " Le raisonnement de la " langue des dieux " est dans ce balancement du rythme. La mémoire humaine est obligée de le retenir et d’en faire des lois. Tout le monde répète du La Fontaine : il suffirait de le comprendre, mais rien de plus difficile qu’une évidence portée à ce point. " J’ouvre l’esprit et rend le sexe habile. " Ou, plus carrément, et c’est Apollon qui parle : " Je vois de loin, j’atteins de même. "

Philippe Sollers

Extrait de "Subversion de La Fontaine", à lire ici

samedi, 21 avril 2007

Le chef qui mérite de réussir

" Il y a dans les grandes entreprises des articles qui décident de tout, et sur lesquels le chef qui mérite de réussir est celui qui ne se fie à personne. "

Casanova, cité dans Casanova l’admirable.

jeudi, 12 avril 2007

Les corps...

medium_26.jpgLes corps sont des phrases figées

Philippe Sollers

Photo : Jean-Louis Bec

mercredi, 11 avril 2007

La continuation de la politique

L'écriture est la continuation de la politique par d'autres moyens

Philippe Sollers, Théorie d'ensemble 

lundi, 09 avril 2007

Orient, or riant

medium_DSCN4839.JPG" Elle est retrouvée ! / Quoi ? l’éternité. / C’est la mer mêlée / Au soleil. / Mon âme éternelle,/ Observe ton vœu / Malgré la nuit seule / Et le jour en feu. / Donc tu te dégages / Des humains suffrages / Des communs élans ! / Tu voles selon..."

Qu’est ce que ça veut dire quelqu’un qui en arrive à tutoyer son âme, son âme éternelle ? « Mon âme éternelle, dit le poème, observe ton vœu malgré la nuit seule et le jour en feu ». Donc il lui donne, il lui assigne une position. Tu voles selon : ça c’est magnifique ! Ça veut dire qu’une fois entré dans ce temps-là, l’éternité est retrouvée : on ne va pas vers l’éternité, on la retrouve, mais d’une toute autre façon qu’on l’aura imaginée autrefois, parce que c’était Dieu. L’homme n’a même pas besoin de Dieu, c’est tout à fait une autre expérience, vous entrez dans une dimension où tout devient une situation libre. Vous êtes devenu une sorte d’oiseau libre, l’ alchimie vous savez, c’est aussi la possibilité de parler la langue des oiseaux !

Philippe Sollers (lire ici)

Photo de Nina Houzel

vendredi, 30 mars 2007

Chroniques d'une élection (41)

...toute plainte étant une accusation, mais une accusation qui revient vite sur elle-même pour désigner qu’au fond perdre, c’est bon. Ce qui veut dire que personne n’a envie de gagner. Pour avoir envie de gagner, il faudrait trouver son plaisir dans la bataille, devenir tacticien et stratège de la guerre qui s’imposerait, ne pas se définir a priori comme martyr potentiel...

Philippe Sollers, entretien à lire ici au lendemain du 22 avril

mercredi, 28 mars 2007

Démoniaque ?

« Le démoniaque se reconnaît à ceci qu’il croit que rien ne lui est extérieur »

Philippe Sollers, Femmes

dimanche, 25 mars 2007

Ce que j'essaie de vous traduire est plus mystérieux que tout

medium_cezanne_photo_max.jpgPour que les esclaves modernes acceptent, et même revendiquent, leur condition, il faut les droguer d’images et de racontars en permanence, et qu’ils n’aient pas la plus petite distance, le moindre recul par rapport à leur propre situation. Sauf pour s’effrayer d’être à ce point gratuits et serviles, d’où soumission renouvelée et renforcée d’angoisse. Ca marche ? Oui. On y est arrivé. Il ne leur viendrait pas à l’idée de regarder vraiment quoi que ce soit par eux-mêmes, et si jamais s’en formait en eux l’intention confuse, aussitôt sonnerie : danger. Vont-ils demander la permission d’avoir une perception qu’ils sentent devoir être imminente ? Même pas. Mieux vaut y renoncer d’emblée. C’est ce que je disais : les files d’attente devant les musées ressemblent à celles d’autrefois, devant les ambassades, pour obtenir un visa. Ils viennent pointer ou se faire homologuer par la caméra invisible. Nous avons été voir les peintures, le Maître n’arrête pas de nous dire qu’elles sont très précieuses, il va être content. Certains d’entre nous ont même fait l’effort particulier d’acheter un livre que, d’ailleurs, ils ne liront jamais, faute de temps. Ouf, à table. Télévision.
Philippe Sollers, Extrait de La fête à Venise, roman

Paul Cézanne devant ses "Baigneuses"

samedi, 24 mars 2007

Carnets indiens, avec Nina Houzel (35)

medium_DSCN4834.JPG"Il faudra de plus en plus, s’habituer à toutes ces exceptions, à ces noms (même sans signature) qui signalent ce qu’on pourrait appeler les réussites de l’individuation. Les artistes ne se dévouent pas à l’ensemble humain, ils en sortent. C’est cela qui choque un refoulement de fond ? Mais oui. Le Puritain est avant tout quelqu’un (ou quelqu’une) qui répugne à cette conception des « coups heureux » de l’espèce humaine. Il veut du collectif. Donc de la fausse histoire. Une « Histoire de l’Art ». De même il se rassure en se racontant qu’il y a une séparation bien nette entre écrire et vivre, travail et débauche, sexualité et pensée. Pour lui ce doit être l’un ou l’autre. Le Puritain (ou Puritaine) est clérical (ou cléricale) en ceci qu’il veut croire que les « artistes », inaptes à vivre « réellement » (la réalité c’est lui ou elle) sont, malgré tout, des sacrifiés utiles. Des rédempteurs rentables. L’artiste doit finir mal, son existence ne peut être qu’un puits de névrose ou d’enfer, il a expérimenté des choses dangereuses pour nous, il est devenu fou à notre place, on en tremble encore, c’est vraiment héroïque de sa part. Malheur à l’artiste qui laisserait entendre qu’il n’est pas candidat au martyre, ni au poste de saint laïque pour assurer de son mieux la rédemption communautaire. Le voilà trop anticlérical, que le clergé soit en uniforme ancien ou pas. Il y a toute une gamme de cléricaux : le religieux d’autrefois, le bourgeois, le progressiste, le militant, l’universitaire, le médiatique, le politique. Sur ce point précis, ils sont tous d’accord. Vérifiez."

P Sollers, extrait de Vivant Denon, le cavalier du Louvre.

Photo : Nina Houzel

lundi, 19 mars 2007

La vie quand elle se met à ressembler au roman qu'on est en train d'écrire

medium_IMG_6178.jpgCe qui est intéressant, dans la vie, c'est quand elle se met à ressembler au roman qu'on est en train d'écrire... Magie ? Oui. A partir du moment où on commence un livre, le paysage bouge... Ballet insidieux... Les personnages réels, là, se déplacent... C'est comme s'ils essayaient d'échapper à ce qu'ils soupçonnent qu'on est en train d'écrire d'eux... Comme s'ils s'engageaient dans des diversions parallèles... Pour rectifier votre mémoire... Dans un sens plus favorable, plus flatteur... Les femmes ont sur ce point une plasticité particulière... Un radar... Un neuvième sens... Elles sentent le récit possible... L'écriture... Elles viennent s'interposer... S'inter-proposer...

Philippe Sollers, Femmes

Peinture de Frédérique Azaïs

 

samedi, 17 mars 2007

Une prise en mains technique, généralisée, de la vie même des humains

medium_15.jpgDiriez-vous que ce que l’on appelait l’« espace public » - les meetings, les réunions - se réduit désormais à l’espace médiatique ?

Ph. Sollers : Ce n’est pas moi qui ai inventé la formule « société du spectacle ». Ça ne veut pas dire simplement la représentation médiatique, ça signifie que tous les rapports humains sont médiatisés par des images et que « les gens », comme on dit, ont de plus en plus tendance à jouer un jeu de rôle par le truchement de leur image à l’intérieur d’un film général. Il y a une évacuation de la perception individuelle, de la sensation de soi immédiatement représentée par des images. Donc le spectacle comme société, puisque c’est la même chose. Mais attention, cela ne veut pas dire simplement des moyens de communication ou la télévision, ce que Bourdieu avait tendance à croire, alors qu’il avait tort dans sa logique de marxiste archaïque à tendance stalinienne avérée. Il s’agit d’une prise en mains technique, généralisée, de la vie même des humains

Interview à lire en entier ici

Photo : Jean-Louis Bec

lundi, 26 février 2007

Et moi je fais le contraire

medium_VUDUECIEL01_LIGHTS_11_.JPG«  La règle générale est de raconter des amours impossibles, des impasses, des drames, des récriminations, des échecs, et moi je fais le contraire. »

Philippe Sollers, Passion fixe

« Tout ce que l’ennemi attaque, on le défend ; et tout ce qu’il défend on l’attaque »

Mao Tse Tong

Photo : Gildas Pasquet


 

samedi, 20 janvier 2007

Les tableaux supportent tout

Les tableaux supportent tout. Ils attendent ton retour.

Philippe Sollers, Carnet de nuit, Folio

dimanche, 10 décembre 2006

Histoire des origines

medium_RenoirDayintheCountry.jpgDernier acte : en 1995, le tableau, devenu une affaire embrouillée de succession, rentre, comme dation, au Musée d’Orsay. Ce jour-là, il y a beaucoup de monde. L’Etat est représenté par le ministre Douste-Blazy, ultime ironie de l’Histoire. Ce dernier, évidemment, pour éviter de choquer ses électeurs de Lourdes, évite de se faire photographier à côté du tableau. Celui-ci est là, mais il n’est plus là. Après tant de délires et de cachotteries, il est redevenu invisible en étant visible sans arrêt par toutes et par tous. Ce qu’il fallait démontrer, sans doute.

Philippe Sollers, à propos de l'Origine du monde

Article complet à lire ici

Photo : Sylvia Bataille, femme de Bataille puis de Lacan

mercredi, 29 novembre 2006

Demandant si j'écrivais moi-même mes livres

medium_AMERES_ICONES_1_.jpg"Ce que j'ai entendu de plus drôle : Michel Rocard me demandant si j'écrivais moi-même mes livres. Vraiment ? Sans conseils ni modifications ? Mais oui. Il a eu ce commentaire : «Ça ne manque pas de souffle!» Authentique. J'en ai eu le souffle coupé."

Philippe Sollers

Article complet ici

Image : Gildas Pasquet